Adieu AppleWorks…

, par Patrice Freney


Après un arrêt de développement depuis déjà quelques années, AppleWorks vient d’être enterré en bonne et due forme. Mais est-il vraiment remplacé ?

Ca y est. Le couperet est tombé : AppleWorks, la suite bureautique d’Apple est officiellement décédée cet été. Avant de voir si celui-ci est remplaçable ou pas, petit retour en arrière.

Contrairement à ce que j’ai pu voir sur de nombreux sites, AppleWorks n’est pas né sur Macintosh, mais sur Apple II en 1984. Il contenait un traitement de texte, un tableur et un gestionnaire de données. Il a été mis à jour pour fonctionner sur Apple III et Apple IIGS.

En 1992, Apple, via sa filiale Claris, reprend ce concept et commercialise un logiciel de bureautique qui intègre un traitement de texte (ex-Mac Write), un tableur, deux outils de dessin (vectoriel, ex-Mac Draw et bitmap, ex-Mac Paint), un outil de présentation et une base de données. Bref, un outil clé en main pour le particulier pour pouvoir être un tantinet sérieux en utilisant son Macintosh. ClarisWorks sera d’ailleurs livré avec les Mac à usage personnel (gamme Performa par exemple).

Puis viennent les versions 2, puis 3, puis 4 et il faudra attendre une version 5 pour que la suite bureautique soit disponible au monde des PC et de Windows. C’est à ce moment que ce logiciel devient intéressant, surtout pour le monde de l’éducation.
À cette époque, il n’y a pas grand-chose en suite bureautique : Works de Microsoft (pour l’avoir pratiqué quelques années, c’était quand même une grosse daube), la suite Office de Microsoft (pourquoi pas, mais quand un établissement scolaire est à équiper, c’est le budget de plusieurs années qui y passe pour s’acquitter des licences), et ClarisWorks.
- Works pour Mac, cela n’a jamais été l’apothéose. Mauvaise intégration, mauvaise interface, et fonctionnalisées limitées (pas de dessins ni présentation).
- Office, logiciel assez (voire trop) "professionnel" pour les écoles et collèges, très cher, mais qui à un avantage non négligeable, les fichiers sont compatibles entre Mac et Windows.
- ClarisWorks, interface assez soignée, simplicité enfantine, coût correct et compatible Mac et Windows. Là où c’est devenu intéressant de se le procurer en version Windows, c’est lorsque la revue Presqu’Offert permettait d’acquérir une licence pour 100 Francs (15 €). Je me rappelle en avoir fait acheter pour une trentaine de postes.
Cette revue a donc permis à pas mal d’établissements scolaires de s’équiper légalement.

Vient ensuite le rachat de ClarisWorks par Apple, Claris étant renommée FileMaker, du nom de la base de données. Exit ClarisWorks, vive AppleWorks.
Vient ensuite la version 6 qui apportera une lourdeur dans le fonctionnement et dans l’interface. Quelques mises à jour successives, jusqu’en 2004, remédieront à ces problèmes. Seul hic, la version Windows d’AppleWorks ne sera pas francisée. Exit donc les établissements scolaires et les particuliers ne lisant pas l’anglais. C’est à ce moment-là que la suite bureautique va décliner.
Apple lance Mac OS X, et AppleWorks suivra avec peine. Il ne sera pas optimisé pour le nouveau Système d’Exploitation et perdra de sa superbe, surtout qu’Apple possède sûrement un remplaçant dans ses cartons. Sortira en 2005 iWork, avec Pages et Keynote.
Août 2007, iWork intègre un nouveau Tableur, Numbers. Quelques jours plus tard, les quelques pages d’AppleWorks présentent sur le site d’Apple ne répondent plus… Fin d’une histoire.

Bon, et maintenant ?

Est-ce qu’AppleWorks a vraiment été remplacé ?
- Traitement de texte : oui, par Pages
- Tableur : oui, par Numbers
- Présentation : oui, par Keynote
- Outil de dessin bitmap : Non
- Outil de dessin vectoriel : Non
- Base de données : Non, enfin presque, il reste FileMaker, j’en ai parlé plus haut, vous vous rappelez ? Bon,

Question piège : et que fais-je de mes centaines de documents AppleWorks moi ? Même si AppleWorks fonctionne encore sur les dernières machines Apple, je ne parierais pas pour les années à venir. Mes dessins vectoriels, j’en fais quoi ?

Vous avez dit Compatibilité ?

Pour les fichiers de texte, pas de problème. Pages fait son travail de conversion à peu près correctement. Quelques petites retouches à prévoir (insertion d’images par exemple), mais rien de bien méchant.

Pour les fichiers issus du tableur, pas trop de soucis non plus, lorsqu’on reste dans des formules standards. En ouvrant un ou deux fichiers, quelques formules n’ont pas passé la conversion, et Numbers les a remplacées par les valeurs calculées.

Les fichiers présentation sous AppleWorks (qui s’en sert ??) sont ouverts par Keynote sans souci. Bon, ces fichiers-là ne sont pas courants, mais bon, je connais des irréductibles…

Pour les bases de données faîtes sous AppleWorks, il faut les exporter en ASCII, puis les réimporter sous FileMaker. Pas d’ouverture directe.

Restent les fichiers vectoriels, ma principale préoccupation, je dois l’avouer.

Et le prix ?

- iWork (Pages, Numbers, Keynote) coûte 79 €, et n’est livré avec aucune machine.
- FileMaker, pour gérer deux ou trois petites choses, 419 €.

Hum… cher non ?

Conclusion

Ma conclusion est sans appel, enfin, plutôt sans Apple : je passe à OpenOffice, surtout que ce dernier sera enfin optimisé Mac OS X dans quelques mois. Quite à retoucher mes documents, autant le faire pour de bon. L’interface est loin des produits Apple, je l’avoue, mais le prix, gratuit, et la compatibilité entre Mac et PC pèsent lourd dans la balance. Reste le problème de la base de données, celle d’OpenOffice n’étant pas vraiment simple au premier abord (mais moi, j’ai 4D). ;-)